No catalogue 014001

Crédit photographique : © Michiel Elsevier Stokmans
Droits : Réservés
Sans titre [Baigneuses]
Sans titre [Baigneuses]
Autonome
La xylographie de Félix Vallotton Baigneuses – titre donné par l’artiste dans son Livre de raison et dans son Livre de comptes – orne le frontispice du numéro de février 1894 de La Revue blanche, sans titre, mais accompagnée, sur la page précédente, de la mention « Gravure sur bois de F. Vallotton » et, sur la page de titre du numéro, de l’énoncé « Estampe de F. Vallotton ».
Il s’agit d’un tirage original du bois de Vallotton inclus dans les exemplaires – ordinaires et de luxe – tirés de la revue, et non une reproduction photomécanique d’après l’épreuve d’un bois (comme ce sera le cas en 1900 dans The Century pour la série L’Exposition universelle). L’utilisation du terme « estampe » plaide en faveur de cette affirmation qu’appuient également les différents exemplaires du numéro consultés.
Ces Baigneuses constituent la première contribution de Félix Vallotton à la revue qui publie depuis le 1er juillet 1893 et pendant les dix-huit mois qui suivent (jusqu’en décembre 1894) des « estampes originales inédites » (annoncées en avril 1893) – des lithographies pour la plupart – en frontispice de chaque numéro. Les autres artistes avant Vallotton sont Kerr-Xavier Roussel, Maurice Denis, Paul Ranson, Pierre Bonnard et deux fois Édouard Vuillard. Après lui suivent Henri de Toulouse-Lautrec, Kerr-Xavier Roussel, Paul Sérusier, Odilon Redon, Henri-Gabriel Ibels, József Rippl-Rónai, Pierre Bonnard, Charles Cottet, Paul Ranson et Maurice Denis. Estampes en couleur, à l’exception de celle de Vallotton, elles sont dues à des nabis ou des artistes proches du groupe. De cette façon, ainsi que l’écrit Clément Dessy, « Les peintres nabis se relaient de mois en mois de manière à établir aux yeux du lecteur une forme de galerie d’exposition transposée sur papier et de circonscrire un groupe de peintres identifiable par le lecteur. […] De cette façon, la revue signifie visuellement et non verbalement l’esthétique picturale à laquelle elle accorde son soutien et dont elle consent à voir rejaillir le style et la valeur sur son sommaire. » (Dessy, 2015/1, p. 34).
En matière de sujet, Clément Dessy observe encore : « La contrainte que les peintres se sont vraisemblablement vu imposer réside dans la représentation d’une figure féminine. » (Dessy, 2015/1, p. 34). Vallotton y déploie le sujet des baigneuses, très présent dans son œuvre xylographié et peint en 1893 et 1894. Un exemple est le premier tableau nabi de Vallotton, Le Bain au soir d’été (1892-1893, Kunsthaus Zürich [Ducrey, 2005, no 140]) qui en février 1894, au moment de la diffusion des Baigneuses dans La Revue blanche, est alors propriété de son secrétaire de rédaction Lucien Muhlfeld. Un autre exemple est la xylographie Le Bain gravée pour la revue de Chicago The Chap-Book qui la publie le 15 décembre 1894. Pour Le Bain, Vallotton touchera 50 francs d’honoraires contre 25 francs pour ces Baigneuses, pourtant d’un format plus conséquent.
Chacune des estampes fait l’objet d’un tirage numéroté et signé, ainsi qu’annoncé en deuxième de couverture du numéro 33 de juillet 1894 : « Il est mis en vente chaque mois un tirage à part, numéroté et signé par l’auteur, des estampes publiées dans la ‹ Revue › / Prix : 5 francs ». En janvier 1895, douze d’entre elles – dont celle de Vallotton – seront réunies dans l’Album de La Revue blanche édité par L’Estampe originale d’André Marty pour La Revue blanche, « sous couverture ornée de Pierre Bonnard » ainsi que l’annonce une réclame parue en janvier 1895 dans La Revue blanche. Il y est précisé que l’album réunit « toutes les estampes tirées pendant l’année 1894 » en un « tirage restreint à 50 exemplaires numérotés » pour un prix s’élevant à vingt-cinq francs.
Nadine Franci et Katia Poletti
Non spécifié [Félix Vallotton]
Monogrammé en bas à gauche
Gravure sur bois de F. Vallotton [sur la page précédente]
«Estampe de F. Vallotton», en page de titre du numéro et dans la table du Tome VI
Le titre Les trois Baigneuses est en usage depuis Godefroy, 1932
1894LRZ176
«Baigneuses. grav. s bois [rectangle vertical]»
1894
«baigneuses, bois. p. la Revue Blanche [rectangle vertical] 25»
Félix Vallotton, Liste des gravures sur bois établie par ordre chronologique, 1891–1898, manuscrit, Lausanne, Fondation Félix Vallotton, sous 1894: «51 Baigneuses (Rev. blanche)»
Meier-Graefe, 1898, no 31, p. 65 «Les baigneuses pour "La Revue blanche"» [faussement daté 1893]
Godefroy, 1932, no 132 «Les trois baigneuses»
Hermann, 1959, vol. I, pp. 280-281
Vallotton et Goerg, 1972, no 133, p. 141 «Les trois baigneuses»
Morel, 2001, p. 201
Morel, 2002, p. 84
Clément Dessy, «La Revue blanche et sa "charte graphique"», in: Dessy, 2015/1, pp. 30–42