La fin du XIX^e siècle est marquée par un intérêt croissant porté aux programmes, aux menus, aux faire-part et aux cartes d’adresse (voir Maillard, 1898). Ainsi, « La monomanie des Ex-libris pou[v]ait être assimilée à la passion des timbres-poste. » (Uzanne, 1896, p. 197). C’est dans ce contexte que naît Ex-libris ana et ex-libris imaginaires, mensuel publié en deux séries par Louis Joly de décembre 1892 à septembre 1894. La première, sur laquelle il nous a été impossible de mettre la main, se compose de dix numéros, parus de décembre 1892 (n^o 1) à septembre 1893 (n^o 10). La seconde série compte douze numéros, parus d’octobre 1893 (n^o 1) à septembre 1894 (n^o 12). « Tiré à petit nombre », tel qu’indiqué en couverture, le périodique n’est disponible que sur abonnement, au prix annuel de 12 francs. « L’Ex-libris ana étant tiré à petit nombre d’exemplaires ne se vend pas en livraisons séparées. » peut-on lire dans des réclames.

En avril 1894, le bibliophile Pierre Dauze (1852-1913) présente la revue en ces termes : « Cet excellent recueil a commencé au mois d’octobre dernier à faire paraître sa seconde série, qui compte déjà cinq numéros. Il est divisé en trois parties ayant une pagination spéciale. La première s’occupe de l’étude approfondie et raisonnée de l’ex-libris ; la seconde donne un alphabet des termes du blason indispensable aux collectionneurs d’ex-libris, et la dernière une suite d’ex-libris imaginaires ou supposés. » (« Les Publications nouvelles », Répertoire des ventes publiques cataloguées de livres, autographes, gravures, estampes et tableaux, tome I, n^o 10, 17 avril 1894, p. 158).

Comme l’indique son sous-titre, la première partie du périodique se compose de « Notes, particularités, anecdotes, curiosités, renseignements sur les Ex-libris, et sur tout ce qui peut intéresser les possesseurs de livres ». Les lignes qui suivent traitent plus particulièrement de la troisième partie du périodique, dans laquelle sont publiés, à chaque livraison, deux « Ex-libris imaginaires et supposés de personnages célèbres anciens et modernes », gravés sur cuivre, et dont les auteurs restent anonymes. En octobre 1893, le « Sommaire des ex-libris parus dans la 1^re série » figurant dans le premier numéro de la seconde série (fig. A) fournit quelques indications précieuses : la septième livraison (juin 1893) contient les ex-libris imaginaires de Charles Baudelaire et d’Alfred de Musset, dont on sait désormais qu’ils ont été réalisés par Vallotton. On retrouve l’artiste à la neuvième livraison (août 1893). Celle-ci renferme, sous la forme d’une planche supplémentaire, l’« Ex-libris aux chats gravé en bois par Vallotton », soit l’Ex-libris L. Joly.

En sus de ces deux ex-libris imaginaires et de l’Ex-libris L. Joly, pour lesquels il touche 85 francs, Vallotton vend à Louis Joly trois bois ornementaux, initialement réalisés pour l’article d’Octave Uzanne (1851-1931) consacré à Vallotton, paru en 1892 dans L’Art et l’idée : une tête de chapitre, une lettre ornée et un cul-de-lampe. Il tire 20 francs de la tête de chapitre en 1893, 15 du cul-de-lampe et de la lettre ornée l’année suivante, le total de ses honoraires se montant ainsi à 120 francs.

La tête de chapitre devient l’entête récurrent du périodique en 1893, probablement à partir de la seconde série. Le cul-de-lampe ne paraît en revanche qu’une seule fois pour clore la publication ; il figure en septembre 1894 sur la dernière page de la douzième et dernière livraison de la seconde série. Quant à la lettre ornée, elle semble uniquement avoir trouvé place dans l’avant-propos de l’ouvrage intitulé Ex-libris ana. Publié en 1895, il contient également l’Ex-libris L. Joly et rassemble les douze numéros de la seconde série du périodique, à l’exclusion des ex-libris imaginaires. Ceux-ci seront réunis dans un autre volume édité également en 1895 par Joly, Ex-libris imaginaires et supposés de personnages célèbres anciens et modernes, composé de 35 planches. Il convient de relever que les bois ornementaux de Vallotton seront repris dans les avant-propos de ces deux ouvrages.

De 1892 à 1894, Vallotton réalise des projets variés pour l’éditeur Louis Joly : en premier lieu l’affiche lithographiée Le Plan commode de Paris, puis la série de lithographies Immortels passés, présents ou futurs et la suite de zincographies Paris intense.

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Léon Brunschvicg, « L’Image. La Société française des collectionneurs d’ex-libris et les ex-libris imaginaires publiés par L. Joly », Le Livre & l’image. Revue documentaire illustrée mensuelle, n^o 6, août 1893, pp. 48-49

Pierre Dauze, « Les Publications nouvelles », Répertoire des ventes publiques cataloguées de livres, autographes, gravures, estampes et tableaux, tome I, n^o 10, 17 avril 1894, p. 158